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Bilan Carbone® : prémices, structuration et éco-système d’un marché sur le point d’exploser 

Introduction de notre série d’articles pour décrypter la puissance de l’outil du Bilan Carbone®

Date de publication : 13 mars 2024
Temps de lecture : 6 minutes


Blue Choice et le Bilan Carbone® : entre synergie et complémentarité

Depuis trois ans, Blue Choice anime des Fresques du Climat auprès des équipes dirigeantes et collaborateurs de nombreuses organisations.  Nous les accompagnons ensuite dans la transformation écologique de leurs cœurs d’activités en lien avec leur écosystème économique.  

Notre but : faire que leurs modèles d’affaires, aujourd’hui destructeurs pour le vivant, soient  compatibles avec un monde qui décide de rester bien en dessous des +2°C de réchauffement mondial.
Blue Choice, c’est faire le choix du scénario bleu du GIEC, non parce que nous sommes sûrs qu’il arrivera, mais, car ne pas s’y préparer, c’est en empêcher l’avènement. 

Naturellement, notre activité s’articule avec d’autres acteurs et outils, au premier rang desquels le Bilan Carbone®. Cet outil au potentiel exceptionnel nous a semblé parfois mécompris, voire perverti.
Nous avons donc mené un travail d’interviews et de recherche documentaire pour :  

  • Retracer l’historique, l’évolution récente et identifier les perspectives de ce marché 

  • Mettre en lumière les points de tensions, limites et mésusages de l’outil,  

  • Et dans une suite d’articles : apporter des suggestions pour s’en prémunir afin d’utiliser le Bilan Carbone® comme un outil de diagnostic honnête de la situation, capable de fédérer les parties prenantes pour une mise en action à la hauteur de l’enjeu, bien au-delà d’une simple conformité réglementaire. 

C’est ce cheminement que nous souhaitons vous partager dans les prochains articles à venir.

Chaîne de valeur du secteur, source : Blue Choice, juin 2023

Rétrospective du contexte réglementaire et des acteurs

C’est historique ! La loi Engagement National pour l’Environnement dite « Grenelle II » de 2010 oblige pour la première fois des organisations (1) à réaliser un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES) au moins tous les trois ans en le rendant public.

Mais suite au constat de l’ADEME que seule une faible part de l’ensemble des obligés respectait cette obligation, la loi Énergie-Climat de 2019 fait augmenter le montant de la sanction financière en cas de manquement à cette exigence réglementaire. Au cours de notre recherche, nous n’avons pas trouvé d’informations concernant le nombre de contrôles effectivement réalisés et d’amendes effectivement données.

Depuis, la réglementation n’a cessé de se renforcer pour embarquer avec elle les organisations dans leurs efforts de réduction d’empreinte.
En 2024, l’arrivée de la CSRD (« Corporate Sustainability Reporting Directive ») continuera cette dynamique en augmentant substantiellement le nombre d’entreprises concernées.
Ainsi, à partir de 2025, le seuil passera de 500 à 250 salariés (PME cotées incluses), soit un passage de 11 700 entreprises européennes soumises à presque 50 000 à la fin de son application fin 2026.

Moments clés de la structuration du secteur du Bilan Carbone®,

En France, la profession se structure : l’écosystème est encadré et animé par des organes transversaux comme l’Association pour la transition Bas Carbone (ABC) ou l’Association des Professionnels en Conseil Climat, Energie et Environnement (APCC) et formé par l’Institut de Formation Carbone (IFC).

Aussi, les acteurs ne manquent pas pour accompagner les obligés dans cette démarche. Les bureaux d’étude historiques ont été rejoints à partir de 2019 par les plateformes logicielles SaaS (« Software As A Service »). Ces dernières proposent aux organisations d’internaliser le calcul du bilan GES en saisissant elles-mêmes toutes leurs données dans des interfaces numériques en ligne.

Si ces plateformes permettent de mettre le pied à l’étrier avec une démarche moins coûteuse, nous identifions un point de vigilance sur le bon accompagnement des organisations commanditaires. L’interface numérique peut en effet avoir un effet « boite noire », offrir moins de flexibilité et parfois génèrer une mauvaise appropriation des acteurs si la démarche n’est pas bien accompagnée par un expert carbone.

Le marché du Bilan Carbone® : écosystème foisonnant et complexe

À travers le schéma ci-dessous, nous avons tenté de résumer l’écosystème qui gravite autour des acteurs obligés par la législation.

Ecosystème du Bilan Carbone®, source : Blue Choice

Sur la gauche, les acteurs, labels et obligations légales qui pèsent et incitent les obligés à se lancer dans la démarche.

Sur la droite, les acteurs qui réalisent directement l’exercice de démarche Bilan Carbone®. Sans oublier les organes transversaux de la profession.

À noter : au cours de nos 25 entretiens, 4 acteurs nous ont témoigné ce phénomène de ruissellement des obligés vers les non-obligés. Cela se recoupe également avec les échos de nos clients. Nous expliquons cette situation par l’interconnexion entre les bilans GES : les émissions indirectes de l’un sont les émissions directes de l’autre. Si un grand groupe souhaite agir, il a besoin de connaître le bilan GES de ses parties prenantes et donc remonter sa chaîne de valeur pour demander leur propre bilan carbone à ses fournisseurs.


Dans le prochain article, nous vous proposons de regarder de plus près les enjeux et perspectives de ce marché.

Autrice

Marie Sellier

Contributeur

Clément Pairot

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